Volac (été 2021)
C’est un jour d’été. Une période particulière où la musique live reprend doucement vie… Oui, c’est dans ce monde encore teinté de Covid que Volac ouvre les portes de son studio. Même sans concert… lui, il n’a jamais arrêté. Sa bulle créative, il a continué à l’entretenir à la maison, dans cet espace qu’il a monté de toutes pièces. À peine quinze mètres carré… un bureau équipé d’un ordinateur… des guitares, des basses, des micros et une cabine pour les prises voix… C’est ici que Victor Poirson – de son vrai nom – compose et enregistre. Pour la plupart de ses projets, il est seul aux commandes mais son parcours est aussi fait de rencontres. Des rencontres qui l’ont aidé à avancer et à découvrir un univers qu’il n’aurait peut-être pas osé franchir seul : la scène.
Les débuts de Volac remontent à l’école primaire. Le jeune garçon commence la musique avec un instrument qu’il a aujourd’hui abandonné : « j’ai fait un an de violon. J’ai pris des cours de chorale et de solfège en plus. Après, j’ai fait une année et demie de piano au collège. J’aimais beaucoup les musiques de jeux vidéos (comme Final Fantasy) et j’ai commencé le piano pour pouvoir les jouer. » Au lycée, l’adolescent intègre un groupe en tant que claviériste. Assez vite, il se rend compte qu’il n’est pas à sa place. Les autres musiciens font de la batterie, de la basse… et c’est la guitare électrique qui retient toute son attention : « j’ai pris quelques cours mais je n’ai pas trouvé l’intérêt de continuer. J’ai poursuivi en autodidacte et j’ai vite composé. C’était nul ! Je ne connaissais pas les codes, c’était des bouts de riffs. » Faire de la guitare de cette façon lui donne le goût d’aller plus loin… De la MAO (musique assistée par ordinateur) au chant saturé, il expérimente par lui-même. Oui, ces pratiques-là, il y va seul… mais la scène, c’est bien en groupe qu’il va la découvrir : « je courais dans tous les sens, je pouvais faire ce que je voulais et cette liberté m’a vraiment plu. » Dès lors, la musique prend une nouvelle ampleur pour Volac. En live, il se dépasse, devient quelqu’un d’autre et… pousse même l’interprétation jusqu’à créer son propre personnage. Jupe longue, Docs, maquillage… Une façon de mettre en scène la musique qui lui vient peut-être de ceux qu’il écoute ? « Des références ? Marilyn Manson, Cradle of Filth… j’ai beaucoup écouté Marilyn Manson au lycée. Canibal Corpse aussi, c’était ultra particulier, le son est quasi inaudible mais les musiciens gèrent. Après, mes parents écoutaient beaucoup de musique : Pink Floyd, Brel… »
Quand Volac arrive à Rennes, il devient étudiant en section physique. Son groupe ne tient pas la distance : chacun part dans des villes différentes et il devient impossible de trouver le temps de répéter ensemble. Volac n’abandonne pas la musique pour autant. Il travaille en solo mais il nourrit toujours l’idée d’intégrer une nouvelle formation : « j’ai acheté une basse pour étoffer mes compositions et un jour, j’ai vu que Season of Tears cherchait un bassiste. On s’est rencontré par le biais d’un ami commun. » Le groupe de metal symphonique va marquer une nouvelle étape dans la vie du jeune musicien : « le premier groupe du lycée était déjà très sympa, on a tous appris à faire de la musique ensemble mais là, c’est parti beaucoup plus loin. Ce que j’apporte au groupe, c’est la débrouille. Eux, ils ont un bagage musical plus classique. » L’aventure Season of Tears dure 8 ans. Avec 3 albums, une tournée en Europe et de très belles scènes, les musiciens se font rapidement une place au sein de la scène metal rennaise… mais au-delà de leur talent, c’est surtout leur rencontre qui reste déterminante. Même après toutes ces années, ils ont toujours l’envie d’avancer ensemble : ils travaillent aujourd’hui sur un projet commun… qui verra bientôt le jour.
Sa route… Volac la poursuit en parallèle. Le musicien compose. Oui, il a besoin de se retrouver sur des projets solo et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est productif : « en 2016, je fais un premier EP : Rejet. J’ai aussi commencé à faire des vidéos à ce moment-là. Un an après, je sors l’album Of Boredom and Disappointement. J’ai beaucoup travaillé la découpe, le réarrangement… Il y a beaucoup de guitare et pas du tout de voix. Sur ces projets, Solène Langlais m’a aidé pour le graphisme. Beautiful World arrive en 2018 : je considère que c’est le vrai premier EP. Un EP qui est un voyage et qui a une intention… Il est black metal mais il y aussi des tests plus electro, plus noise… Chaque morceau a une inspiration différente. » Et il ne s’arrête pas là, en avril 2019 sort Ne souriez pas : « il est entièrement auto-produit. J’ai tout fait moi-même, y compris le visuel. Dans cet album, il y a très peu de silence entre les morceaux et un gros boulot au niveau de la voix.» Volac expérimente les sons, il va les chercher un peu partout : « dans la rue, sur Internet… après, je les modifie. » La « débrouille », comme il aime le dire, ne serait-elle pas la clé de la qualité de sa musique ? Pas seulement… au-delà de cette curiosité, il a une façon bien à lui de voir le monde… une lecture créative qui s’enrichit au fil des ans. Ces deux dernières années, il ajoute aussi de la vidéo à ses compositions. Un boulot de captation et de montage qui lui permet de réaliser son propre clip : Que le tonnerre gronde. Un projet qu’il a pu concrétiser de A à Z grâce à un concours lancé par Brett du Tower Studio. Dans la foulée, Volac lance sa chaîne YouTube. Pendant presqu’un an, ses abonnés ont pu le voir réinterpréter (en musique et en image) pas mal de morceaux connus : un gros boulot de réarrangement précis et inventif. Et ce n’est pas fini ! D’ici 2022, il prévoit de sortir un nouvel album : « il y aura plus de participations extérieures, je vais intégrer des chœurs ». Expérimenter, toujours et encore… et se remettre en question pour avancer… « En ce moment, je réfléchis à travailler sur un projet electro », confie-t-il. « Oui, c’est complètement différent de ce que j’ai pu faire jusque là », ajoute-t-il en esquissant un sourire. La musique serait-elle un éternel recommencement ? Pour Volac, c’est certain.
Caroline Vannier
Interview Que le Tonnerre Gronde
1 – Le point de départ de ce morceau ?
Je ne me souviens pas vraiment de l’amorce de ce morceau. Je crois que je cherchais à créer quelque chose de relativement court et efficace, avec une intensité qui va crescendo. Je suis tombé amoureux des effets au synthé qui cimentent le morceau et la composition a coulé de source.
2 – Quand on travaille seul, la façon de composer diffère-t-elle d’un projet à l’autre ?
Je ne peux pas dire que ma méthode varie d’un projet à un autre, mais plutôt qu’elle évolue avec ceux-ci. J’ai pris certaines habitudes qui me permettent de travailler plus vite et de me concentrer sur la composition.
3 – Le Tonnerre Gronde offre une voix plus posée et un chant en français. Comment s’est déroulé le travail technique – tant au niveau vocal, que de l’écriture – ?
Généralement, je commence à composer avec une idée à la guitare, sur laquelle j’empile les couches de sons (synthé, orchestre, bruits …) et la batterie. Une fois que j’ai la base du morceau, je commence à me pencher sur l’écriture. Souvent, c’est une idée simple qui me vient, une émotion, une image, dont je tire des bribes de phrases. Avec la musique en boucle, j’agence les bouts de textes qui me sont venus et je cherche à lier les idées pour obtenir une progression, une histoire tout au long du morceau. Vient ensuite la répartition des voix : j’aime empiler les prises vocales, avec différents timbres, différentes techniques et maintenant plusieurs chanteur·euse·s, en chant lyrique ou saturé.
Dans le cas de « Que Le Tonnerre Gronde », j’ai commencé à expérimenter différentes techniques vocales afin d’ajouter de la profondeur au chant saturé. Au total, il doit y avoir 6 pistes de voix superposées uniquement pour ma voix. Pour les chœurs, j’ai constitué un ensemble de 12 personnes avec lesquelles on a travaillé une journée pour obtenir une intention différente pour les différentes parties du morceau. On a même ajouté des voix à la partition d’origine.
4 – Le Tower Studio en quelques mots ?
J’ai eu connaissance de Brett et du Tower Studio par le biais de Season Of Tears (il a masterisé l’album Homines Novi et Dark Card). C’est une personne qui a fait sa place dans le domaine du mixage Rock/Metal avec ses divers travaux pour des artistes internationaux (Devin Townsend, Septic Flesh…). Brett est une personne sympathique et très professionnelle.
5 – Tu as participé à un concours organisé par le studio, comment se sont déroulées les différentes étapes ?
Brett a lancé un appel à projet via Facebook. Il y avait évidemment quelques conditions à remplir, notamment faire un don à une association de son choix (choix qu’il fallait justifier).
J’ai envoyé une démo de « Que Le Tonnerre Gronde », puisque j’étais en phase de préproduction de l’album qui arrive, accompagnée d’un pavé d’explications et de descriptions.
Puis, quelques mois après, j’ai reçu un mail me disant que j’avais été sélectionné (avec 2 autres groupes) … j’étais sur un petit nuage.
6 – Quel est l’intérêt de confier le mixage et le mastering d’un morceau (ou d’un album) à une tierce personne ?
Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, c’est un gain de temps, une fois que le processus créatif est terminé bien entendu puisque celui-ci rentre aussi dans le cadre du mixage.
Une seconde raison est la limite de mon savoir et mon aptitude à obtenir un rendu « professionnel ». C’est beaucoup plus simple de confier sa création à une personne qui sait ce qu’elle fait et qui est capable de la sublimer, de la rendre belle pour tout le monde.
7 – Tu as pu réaliser ton premier clip. Lier le son et l’image, ce sont des pistes que tu souhaites continuer à explorer ?
Oui, j’ai souvent mêlé le son et l’image, j’imagine toujours la musique comme une pièce d’un ensemble plus complexe qui inclut l’aspect visuel (animé ou non). Je pense que les images permettent de mieux transmettre les intentions et de transporter les spectateur·trice·s dans un univers.
Plus spécifiquement, j’aime beaucoup travailler la vidéo, de l’écriture du script au montage. J’ai à cœur de développer ma chaine Youtube et de travailler pour d’autres projets.
8 – Au fil des années, comment espères-tu que le public recevra ta musique ?
J’ai envie que ma musique plaise, même si je suis conscient du fait qu’elle est très personnelle et, de
fait, difficile d’accès. Je souhaite emmener le public dans mon univers tout en sachant que le voyage n’est pas de tout repos.
9 – Où aimerais-tu jouer dans les mois à venir ?
Je serais heureux de monter sur scène pour jouer mon nouveau set live, qui inclut une grande partie des morceaux du prochain album.
J’aimerais jouer sur de belles scènes, avoir de belles lumières et du gros son, et surtout devant une foule en délire haha !
10 – Le mot de la fin ?
Merci beaucoup à toi Caroline pour cette interview ! Je suis honoré de ton attention et te souhaite le meilleur pour la suite !
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