Gaétan, une figure du Jardin Moderne mais pas que… (mars 2019)
Des gamins qui ont débuté la musique ensemble… et qui n’ont jamais rien lâché en grandissant. Des gars qui comptent aujourd’hui au niveau local autant sur scène qu’en coulisses. Des gens libres qui font ce qu’ils aiment et qui s’y engagent à 100 %. Gaétan est l’un des visages de cette bande de potes pas comme les autres ! Figure du Jardin Moderne et batteur chez Hand of Blood pendant une bonne décennie, il sait parler de sa passion avec philosophie, franchise et simplicité. La musique… Un truc si évident pour lui qu’elle paraît presque inscrite dans son ADN. Allez, on essaie d’en savoir plus ?
Pour revenir au point de départ, il faut bouger à Theix ! « C’est près de Vannes mais côté bayou », précise Gaétan. Là-bas, il commence à taper sur les fûts au début du collège. Il prend trois années de cours, une base solide qui lui permet d’acquérir les bons gestes. Très tôt, il sait où il va, il travaille des techniques précises qui lui permettent de se démarquer. Curieux et autodidacte, il se tourne aussi vers d’autres instruments pour composer : « quand j’avais 16 ans, je bossais sur mes propres projets. J’ai toujours voulu faire du thrash-core-indus. Je m’amusais avec mon 4 pistes tout seul. » Le premier groupe qu’il intègre en tant que batteur est Theocracy (black/death). Il y jouera quelques années aux côté de Romuald (RIP) avant de rejoindre Etat d’Urgence (punk puis brutal/punk/hardcore) en 2000 : « Leur batteur s’était ouvert le bras dans une bagarre et ils m’ont demandé d’assurer l’intérim. J’ai placé de la double et proposé d’autres plans et ils m’ont demandé de rester. » Une formation en appelle une autre, Gaétan monte dans la foulée un nouveau projet : « Romuald m’a présenté « Les punks de Theix » Seb et Vincent. Il jouait avec eux depuis peu. On a monté Nailnead (HxC metal) en 2003 avec Seb et Jo. C’était des potes. Jo – asso Face to Face et guitariste chez Entertain the Terror et Ultimhate –, je le connaissais depuis la primaire. J’étais dans la classe de son petit frère.» Il faudra attendre 2006 avant de voir émerger Hand of Blood. Là aussi, c’est presque la même équipe : « on a commencé avec Seb et Vincent, Jo nous a rejoint ensuite et puis Yann. » À ses débuts, le groupe a un son très Sepultura mais l’identité hardcore s’affirme au fil des ans. Avancer, créer et surtout se confronter à la scène, c’est ce qui les anime à cette époque : « on a fait une tournée européenne – Allemagne, Belgique, Pologne, Espagne, Portugal, Sud de le France – et c’est vrai que sans Jonathan, on aurait pas fait plus de trois concerts par an. C’est lui qui assurait toute l’orga. » L’histoire d’Hand of Blood se termine en 2015 : sur Internet, on trouve peu de traces de ce groupe qui a marqué la scène locale. Ils ont tourné la page mais les potes continuent de se soutenir à travers leurs projets respectifs. Aujourd’hui, Gaétan développe – chez Torture du Sphynx, depuis 2015 – ce qui lui tient à cœur depuis ses 16 ans. « Des grattes metal, une basse punk et des machines martiales torturées », précise-t-il. Cette fois, c’est à la basse et au chant qu’il officie : un nouveau challenge qu’il affûte avec trois autres musiciens – Geoffrey (Bestial Nihilism), Emeric et Waldo (ex Aïwa) –. La batterie n’est pas en reste : il souhaite se pencher sur des techniques plus jazzy. En attendant, il continue d’en jouer lors des soirées Tribute de Pains et Yaourt au Melody Maker où il réinterprète, à sa sauce, les morceaux de groupes devenus des classiques.
La musique, une passion qui le suit jusque dans sa vie professionnelle… L’équipe du Jardin Moderne, il l’intègre en janvier 2009. À Rennes, l’asso est connue par tous les musiciens : porteuse de projets, lieu de répétition, centre de ressources et de formation… Un lieu devenu unique et indispensable dans le coin. Son arrivée au Jardin, il la doit à un changement d’orientation : « j’avais pas envie de rester à la fac. À la base, je voulais faire un BTS Environnement mais j’avais passé un bas ES et il fallait un S. J’ai finalement quitté Rennes 2 pour faire un BTS Restauration et je suis arrivé au Jardin en 2009. » Au gré des anecdotes, il raconte qu’il a bossé près de l’Antipode au moment de sa formation en BTS. Un hôtel-restaurant où il a ajouté un peu de musique là où il n’y en avait pas : « je suis resté à Campanile pendant cinq ans. J’avais proposé de mettre en place des forfaits nuit + petit déjeuner pour les musiciens qui venaient faire des concerts à Rennes. J’ai vu des groupes comme Lofofora au p’tit déj’, j’ai aussi travaillé avec des asso que je connaissais déjà comme Mass Prod – rencontrée à l’occasion de la compile Breizh Disorder 2 avec Etat d’Urgence – Il y avait aussi Garmonbozia, Rage Tour et même directement avec l’Antipode ou le Jardin, notamment pour leurs 10 ans.» La musique au centre de tout et un poste qui demande pas mal de rigueur. Un double profil qui lui permet d’être réactif sur tous les pôles : « je fais surtout de la coordination. J’arrive à 10h-11h pour la restauration et il faut assurer le service à partir de midi. Il y a aussi des répétitions à ce moment-là. Je planifie aussi l’orga de l’équipe du bar, la gestion des stocks, le matériel en salle de répète…» Après tant d’années, il en a vu des groupes défiler. Il en a aussi entendu… Oui, les studios sont insonorisés mais il y a toujours un peu de son à filtrer dans le café culturel : « il y a des musiciens qui sont arrivés avant moi comme Charly’s Angels, La STPO, les Gravewalkers, Glam Dicinn… » Oui, une partie de la scène locale se croise en répétition. Des formations variées qui offrent une diversité importante dans le paysage actuel.
Le virus de la musique ne le quittera pas. Gaétan est un passionné qui sait parler de ce qu’il aime sans prétention. Un musicien de talent qui offre un regard technique, créatif et toujours neuf sur ce qui l’entoure. Savoir se réinventer, c’est peut-être ça son secret ? Une leçon à méditer !
Caroline Vannier