Ubutopik

Des histoires qui se vivent

Catégorie dans Portraits de musiciens et de musiciennes

Interviews : les Cris de Gaïa (soirée organisée par Season of Sound) au Jardin Moderne (6 octobre 2023)

ZeWitches

1 – Genre musical : Nous avons défini “Tribal soul”, pour le côté son de notre tribu et aussi pour nos influences communes soul, blues, jazz.
2 – Membres du groupe : Laina Fischbeck , Ludivine Laude , Kenza El Hajjam , Léore Laennec.
3 – Date de création du groupe : 2018.
4 – Cadence des répétitions : Environ 1 fois par semaine, avec des résidences tout les 2 ou 3 mois.
5 – Combien de concerts par an ? Entre 10 et 15 , nous avons toutes des vies bien remplies d’autres carrières et vie de famille, aussi il nous est parfois difficile de nous consacrer autant que nous le souhaiterions à la musique .
6 – Des enregistrements à votre actif ? Un EP 5 titres en 2019 qui s’appelle “From Soul to Sky” et un tout nouveau qui devrait sortir en avril 2024 !
7 – Des autodidactes dans le groupe ? Nous sommes 3 à être vraiment sans formation musicale. La musique à un niveau professionnel est apparue dans nos vies avec le projet ZeWitches , comme quoi il est possible à n’importe quel moment de sa vie de décider de se dédier à une passion !
8 – Une référence musicale commune ? Nina Simone.
9 – Quand les voix sont l’instrument principal du groupe, quel est le point de repère ? Y a-t-il une voix directrice ? Il y a toujours un repère un peu rythmique, ne serait que dans le corps, un balancement, un pied ou une main qui marque le temps…
Pas toujours, dans ZeWitches nous faisons du 4 voix en polyphonie, et s’il y a un lead, nous en changeons parfois même dans le morceau !
10 – Votre musique est-elle propice à l’improvisation ? Même si les morceaux sont très structurés, il y a toujours des passages qui laissent place à l’improvisation. C’est aussi au cœur de nos souhaits sur le nouveau set live de faire plus de place à l’improvisation …

Sur le web :
https://www.facebook.com/profile.php?id=100063543578472

Baäst

1 – Genre musical : Vocal-electro. On est toutes multi-instrumentistes mais pour ce projet, on a décidé de mettre les voix au centre de tout.
2 – Membres du groupe : Juliette, Léna, Hélène, Marie, Claire et Victor qui intervient pour les samples.
3 – Date de création du groupe : 2019
4 – Cadence des répétitions : Une fois toutes les 2 semaines. On fait des résidences aussi.
5 – Combien de concerts par an ? C’est très inégal. On en fait pas beaucoup mais on se fixe toujours un gros objectif par an, comme un enregistrement. 6 – Des enregistrements à votre actif ? 2 titres en studio et une captation live.
7 – Des autodidactes dans le groupe ? Non.
Marie, Juliette et Léna : on a fait l’école du Pont supérieur (DNMSPM). Hélène : j’ai fait le conservatoire et j’ai continué en chant.
Claire : je pratique le piano et j’ai été formée à l’enseignement de la musique. Par contre, j’ai développé le chant moi-même.
8 – Une référence musicale commune ? Jeanne Added ! On est toutes tournées vers des artistes féminines. Björk aussi ! Camille en artiste française et Ariana Grande pour le hip-hop.
9 – La partie musique sample s’est-elle adaptée aux voix ou est-ce l’inverse ? Elle s’est adaptée aux voix. L’arrangement vocal est très en avant. Après, la structure est en constante évolution.
10 – Comment communiquez-vous sur scène ? Chantez-vous dans une configuration particulière ? On prévoit beaucoup de déplacements. On a bossé les transitions. On a pas du tout le droit à l’erreur : il faut se synchroniser avec la prod. On a chacune des diapasons. On est passé sur des micros sans fil : ça nous allège sur scène, ce qui nous permet de bouger.

Sur le web :
https://www.facebook.com/BaastVocalGroup

Louv

1 – Genre musical : Electro tribale.
2 – Membres du groupe : C’est un projet solo mais je tourne avec Alex, mon technicien son.
3 – Date de création du groupe : Le premier concert était en 2018.
4 – Cadence des répétitions : Elles dépendent beaucoup des dates de concert. J’ai de grosses sessions Louv. Ça fait partie de mon quotidien. Il y a aussi le travail de création qui se fait davantage l’hiver quand il y à moins de concerts.
5 – Combien de concerts par an ? Une quinzaine de dates.
6 – Des enregistrements à ton actif ? Oui, un EP 7 titres qui est sorti en 2021.
7 – Autodidacte ? Oui en partie. Au lycée, j’ai pris des cours de guitare et j’ai tout de suite eu envie de composer, d’écrire et de chanter. Plus tard, j’ai pris des cours de chant pour aller plus loin dans ma pratique, curieuse d’explorer tous les possibles. J’ai commencé à m’intéresser à l’électro et à mettre les mains dans les machines… Et puis l’école de la vie, les gens que j’ai rencontré m’ont aussi tellement appris. Mon travail repose beaucoup sur l’expérience et les rencontres. Dans Louv, les textes sont écrits en français puis traduit dans de nombreuses langues, mon envie c’est de chanter la diversité. J’ai par exemple travaillé avec un ami, Ibrahima, qui m’a aidé pour une traduction en Wolof (un dialecte du Sénégal) pour le morceau Gadday, ce qui veut dire s’exiler, un morceau en hommage aux réfugiés.
8 – Une référence musicale ? Björk.
9 – La musique est-elle un art éphémère ? Oui, pour la musique live. C’est un moment inscrit dans un présent. Pour l’artiste comme pour le public c’est du partage et en même temps, un instant avec soi, dans sa propre perception du moment. Après, les supports permettent de le faire durer, le remémorer, cela active le souvenir, l’émotion, un peu comme une madeleine de Proust.
10 – Chanter en français, est-ce une façon de contraster ou au contraire d’accentuer l’aspect onirique de ta musique ? J’aime bien aussi chanter dans ma langue, ça m’offre un autre champ d’écriture de jouer avec la poésie des mots. C’est aussi pour l’auditeur qui parle cette langue un accès direct au sens, au propos.

Sur le web :
https://www.facebook.com/louvmusicsolo
https://louv.bandcamp.com/album/ep-louv
https://ditto.fm/louv_de9a0dc5a1?fbclid=IwAR2wGwpf14t0OxMkAw1Cz2v-SbQtewgwRijaO-v1fHd6tr7SoPO-Ga9pPIs
https://www.youtube.com/channel/UCU5Znsp1kbuOFVMQP0LhC8g

Mass Murderers (octobre-novembre 2023)

Il y a des histoires qui ne laissent pas indifférents. Des récits portés par des voix si claires qu’il est difficile de ne pas les écorcher dans un article. Les musiciens de Mass Murderers font partie de ces protagonistes qui parlent du punk avec l’étincelle de leurs débuts. Ils n’ont rien oublié. La route, les groupes, l’énergie du live… Des moments forts et fugaces qu’ils continuent de vivre aujourd’hui. Les passionnés n’arrêtent jamais. Pour eux, le temps est un allié : il burine la matière, donnant du corps et de l’aisance à des morceaux sans âge. L’expérience vient à force de pratique. La scène, les heures passées en local de répète… Un fer de lance qui permet aux musiciens de se comprendre et d’aiguiser leur relation à l’instrument. Et puis, il y a la ferveur. Quand elle reste intacte, la soif de découverte ouvre la créativité. Les Mass M. sont faits de ce bois-là. Déjà près de trente ans que leur regard est rivé sur ce chemin des possibles. La musique… Une aventure sans fin qui fait vibrer un quotidien… Une passion d’adolescent qui est devenue celle de toute une vie…

Tout commence à Saint-Brieuc dans le courant des années 80. À cette époque, Laurent (chant/guitare) et Gaëtan (basse) ont 13-14 ans. Ils habitent dans le quartier Balzac. Du bitume, des barres d’immeubles, des terrains vagues… Le décor est planté. Ici, rien n’a bougé depuis 1960. Après la guerre, la population avait fortement augmenté et il fallait faire face à une pénurie de logements. La destruction de bâtiments insalubres et l’arrivée d’appartements tout confort marqua un tournant dans ce qui allait devenir l’un des principaux quartiers ouvriers de la ville. Oui, mais c’était il y a plus de vingt ans… Au beau milieu des années 80, le constat est sans appel : l’ensemble a mal vieilli et les familles s’entassent dans des espaces devenus trop petits. Les habitants naviguent dans un monde laissé à l’abandon, loin des idées initiales de désenclavement : « heureusement qu’on a fait de la musique, sinon on aurait fait de la prison comme tous les gars du quartier. » À peine sortis de l’enfance, Laurent et Gaëtan s’échappent par la musique. Ils fréquentent les Fest-Noz. Les deux amis grandissent aussi en plein essor des radios libres et des fanzines. Des médias qui leur permettent de découvrir des groupes qui mêlent metal, punk et hip-hop. C’est le déclic. Ils commencent à écouter des formations comme Poison Idea, Parabellum, The Business, The Oppressed, Blast… Et puis, il y a Camera Silens à Bordeaux qui explose sur la scène underground. Le groupe représente une forme d’urgence, de colère et d’authenticité*. Il porte les influences du punk anglo-saxon et de la mouvance skinhead des années 70. Deux courants que tout semble opposer… Et pourtant, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît… Une courte explication s’impose. Les punks ont une apparence qui se veut en marge de la société (spike**, tatouages, Doc Martens…) : « oui, intervient Laurent. Mais ce n’était pas une mode. C’était un engagement. Cracher sur la société oui, mais sans se politiser. Avoir des idées, en parler… mais ne pas faire de la prophétie. » Les skinheads n’étaient pas politisés non plus. Ils se réclamaient du mouvement ouvrier et arboraient un crâne rasé. La dérive fasciste n’est apparue que dans les années 80 (elle a atteint son pic entre 1985 et 1995). Pour les musiciens, il est toujours très compliqué de les voir s’imposer dans la fosse : « les nazis, quand ils arrivent, il faut tout de suite réagir. Il faut les arrêter direct. » Camera Silens représente une période clivante. Des années où les courants musicaux émergent dans une société déstructurée qui va déjà trop vite. Le groupe n’a pas eu le temps de s’essouffler : il prend fin avec une série de casses et la cavale de leur chanteur, Gilles Bertin. L’homme est recherché pendant 30 ans pour le vol des coffres de la Brink’s. Il n’a tué personne. Tous ses camarades sont arrêtés mais aucun de ses amis ne dénonce. Déclaré mort par le tribunal, il se livre à la police en 2016, cinq ans après la naissance de son second fils. Une vie de gangster, proche d’un scénario à la Heat de Michael Man… mais sur ce coup-là, c’est la réalité qui s’exprime ! Et une vie de cavale n’a rien d’un film hollywoodien. Les deux mômes qu’étaient Laurent et Gaëtan n’ont jamais oublié cette histoire. Elle est indissociable du mouvement punk qu’ils ont connu : « Gilles Bertin en a fait un bouquin. C’est comme ça qu’il voulait laisser une trace. Il m’a même écrit un message quelque temps avant sa mort » s’étonne encore le chanteur des Mass Murderers.

« On est tous autodidactes. C’est de l’artisanat. » La musique, Laurent et Gaëtan s’y mettent dès qu’ils le peuvent. Ils y vont franchement ! C’est de cette façon qu’ils commencent, en essayant. Ils apprennent, font des erreurs, s’obstinent… Ils ne comptent pas les heures à jouer et à parler musique. Et puis, un jour, ils tombent sur Marco (guitare) qui est en répète. Avant leur rencontre, le musicien avait déjà intégré plusieurs formations. C’est avec Laurent qu’il monte un premier projet commun : Death Penalty et par la suite Slumlords. Gaëtan, lui, rejoint Brain Diggers. Le bassiste connaît un premier concert au Merzer, du côté de Guingamp. C’est un franc succès ! La salle est pleine ! Il n’en revient pas. Au fil des mois, les formations des 3 potes fusionnent pour devenir Mass Murderers. Côté batterie, c’est Rico qui prend place derrière les fûts. En quelques mois, ils écrivent et composent des morceaux qui font mouches. Le groupe démarre sur scène avec une fête de la musique en 1992… et à partir de là, tout s’accélère. Guidés par l’engouement local, les quatre musiciens bougent à Rennes en 1994 et investissent la Fun House comme lieu de répétitions. C’est aussi là-bas qu’ils font leur premier enregistrement. De cette expérience naît une démo : en 1995, elle sera réunie sur CD avec un 45 tours. Et puis, il y a les live… Les Mass M. rassemblent un public qui vient du punk et du metal : « on a écumé tous les cafés concerts de Bretagne ! Il y en avait beaucoup dans le Morbihan. On voyait qu’on avait fait un bon concert aux marques de chaussures au plafond » raconte Gaëtan. « On a joué un peu partout en Bretagne. On a aussi fait l’Antipode quand il était en travaux, dans le grenier » ajoute Laurent. Dès le milieu des années 90, ils partent en tournée à l’étranger. D’abord la Hollande et puis, la Suisse, la Belgique, l’Angleterre, la République Tchèque, l’Allemagne, la Pologne, la Slovaquie, l’Italie… L’album « DRIP » sort fin 1996, gravant dans le marbre des morceaux peaufinés dans un paquet de pays. Avec lui, naît Mass Prod : un label rennais qui s’est construit autour du groupe. Il produit cette première galette et par la suite, il continuera à promouvoir la musique punk. Les Mass Murderers fédéraient-ils ? Oui… et ils inspirent bon nombre de formations telles que Melmor (punk celtique), 22 Longs Riffs (auparavant La Zone), Urban Attack… Et toujours la scène ! Les propositions tombent et ils honorent de belles dates au BenevoloRock, au Carnavalorock et à l’hippodrome de Loudéac où ils font la première partie de Motörhead. Ils vont aussi à Bordeaux, une ville qui garde l’empreinte de Camera Silens : « on a même joué à la fac, là-bas ». Punk, ils le sont et ils refusent les étiquettes. Leur liberté, ils y tiennent. Ils tournent avec des groupes qui partagent les mêmes valeurs mais pas forcément le même style musical : « Call Jah Crew, par exemple. Ils faisaient du dub/reggae ! » Le quatuor joue et se lie d’amitié avec Sven et Shultz de Parabellum : « on les a rencontrés au Barracuda à Plérin. » Un groupe qu’ils écoutaient quand ils étaient mômes ! La boucle serait-elle bouclée ?

Le groupe s’arrête en 2000. Les musiciens prennent des chemins différents mais ils n’abandonnent pas la musique pour autant. Ils jouent ailleurs, développent d’autres techniques… Laurent rejoint les Ramoneurs de Menhirs : il s’occupera de leur son façade pendant 15 ans. Gaëtan continuera dans Bad Bad Seed (chant et basse). Un groupe qui sera marqué par le décès brutal de son batteur mais qui parviendra à reprendre les chemins de la scène avec le cogneur d’Urban Attack. Marco tiendra la guitare dans plusieurs formations dont les Trotskids : « C’est le premier groupe que j’ai vu en répète et c’est le dernier avec qui je suis monté sur scène. Ça fait 7 ans ! » Une reformation des Mass Murderers serait-elle possible ? Oui, d’abord en 2010 et puis là, en 2023… Depuis 13 ans, c’est Simon qui tape sur les fûts. Un musicien qu’ils ont rencontré tout jeune en concert et qui a su trouver sa place. Il vient du punk mais il se tourne aussi vers le hardcore avec des formations comme Hard Mind : « les univers sont proches. Il y a toujours eu une scène très intéressante qui mêle punk et hardcore » explique Laurent.

Aujourd’hui, l’aventure semble entamer un nouveau chapitre… Le vendredi 21 octobre 2023 au Carnavalorock, les Mass Murderers ont fait un retour très remarqué sur scène. Et ce qui devait être un concert unique donne de belles perspectives pour 2024 : un live le 3 février pour les 25 ans de Breizh Disorder (organisé par Mass Prod) à Rennes et deux autres dates en mai dans le Nord ainsi qu’à Brest. Cet élan pourrait-il s’accompagner de nouveaux morceaux ? Sait-on jamais… C’est tout ce qu’on peut souhaiter au public d’hier et de demain. Porter un message non politisé, anti-raciste… et se réunir autour de la musique… Des valeurs qu’il est bon d’entendre et que font résonner les Mass Murderers depuis presque trente ans. Dans un monde à la dérive, on a peut-être besoin de plus de punk qu’on ne le pense.

Caroline Vannier

Merci à l’équipe de Mass Prod pour la relecture
*Référence livre Trente ans de cavale, ma vie de punk (Gilles Bertin)
** Coupe de cheveux punk (cheveux dressés sur la tête)

Sur le Web :
https://www.facebook.com/profile.php?id=61552985310646
https://www.massprod.com/groupes/massmurd.htm
https://www.instagram.com/mass_murderers_BZH/?fbclid=IwAR0qODEQrMCaxq2HYLtoOd41MzLF5IQJlsqN0u8X-5-zK7ieSH7FDvd6tJE

Simon, guitariste et compositeur chez Mantra (janvier 2023)

Sous ses faux airs de Tool, le groupe Mantra a su faire émerger un son Metal aux confins de l’expérimental. Un travail audacieux qui aboutit à des concept-albums aux accents chamaniques et métaphysiques. Cet aspect philosophique, les musiciens l’ont associé à une solide base harmonique : ils n’hésitent pas à jouer avec les hauteurs de notes et les temps pour façonner des morceaux qui frôlent parfois les 18 minutes. Simon Saint-Georges, guitariste et membre fondateur du groupe, est animé par cette volonté d’exploration. Chez lui comme chez ses camarades, la création n’a cessé de se muer en une quête d’ouverture et d’apprentissage.

« La dynamique humaine est très importante. On compose de façon collaborative. On se prend une semaine. On vit et on fait des sessions ensemble. On teste vraiment plein de choses. » Quand Simon évoque Mantra, il parle forcément de cette façon de travailler. Une méthode immersive, devenue essentielle, qui s’est développée au fur et à mesure du temps, au gré des contraintes de chacun. Rennes, Nantes, Paris… En dix ans, les quatre musiciens ont pas mal bougé ! Ils habitent dans des villes différentes et sont pris par un quotidien chargé : enfants, boulot, obligations… Par manque de temps, ils auraient pu se séparer mais ils n’ont jamais abandonné Mantra. Seul, l’un d’entre eux n’a pas pu poursuivre l’aventure. Sur ce coup-là, les kilomètres sont devenus un véritable frein : « oui, on a commencé avec Mathieu. Tout a démarré avec lui. C’était mon meilleur pote, il est parti vivre aux États-Unis », explique Simon. Depuis son départ, deux bassistes se sont succédé : Thomas (de novembre 2014 à mai 2020) puis Arthur. Les autres musiciens, eux, sont toujours présents. La distance – quand elle n’est pas insurmontable – n’est pas un problème. Mieux, le quatuor en fait un atout ! Les musiciens ont pris l’habitude de se retrouver dans la Creuse : un endroit à part, situé chez Pierre, le chanteur. Un lieu inspirant où ils se coupent du monde pour composer. Tout au long de l’interview, Simon n’aura de cesse de le répéter : « l’alchimie est primordiale, notamment entre moi et Gab (batterie), ça serait compliqué de faire autrement. » Pour Mantra, un groupe, c’est une force à l’unissons. Une vision de la musique commune qui transcende leur jeu sur scène. Pour le live, les musiciens ont repoussé leurs limites en s’ouvrant à d’autres formes d’arts… Depuis l’album Medium, ils sont officiellement accompagnés par Melvin Coppalle, un talentueux danseur de butô qui donne des airs de spectacle à leur concert. Hors du temps, poétique, tribal… leurs prestations ne laissent personne indifférent. En quelques années, Mantra est devenu un concept. Chez eux, la création induit une résonance… Elle interpelle.

Le musicien qu’est devenu Simon est né avec Mantra. Ce groupe lui offre une grande liberté d’expression mais il lui a aussi appris l’exigence. Chaque composition est pensée pour servir un fil conducteur que le quatuor a imaginé ensemble. Seul guitariste du groupe, Simon a une vision de son instrument très éloignée de celle des solistes : « ma guitare, je la mets au service du global. Je ne cherche pas à la mettre en avant ». Son jeu, il l’a développé en autodidacte. Il a découvert la gratte un peu par hasard, un été où il était « bloqué avec un genou en vrac ». Les premiers pas de l’adolescent sont hasardeux mais dès le départ, il cherche à créer : « aujourd’hui encore, c’est la composition qui m’intéresse. Encore plus que la scène. » Simon essaie, s’obstine et intègre de nouvelles pratiques. Aujourd’hui, sa maîtrise est indéniable mais il refuse que les prouesses techniques surpassent l’artistique : « dans le groupe, on s’intéresse tous à des choses complexes mais on a jamais voulu perdre en émotion. » Dans ses explorations, le guitariste s’adonne aussi à des projets solos : « dans Armunzen, je chante mais pas très bien. J’ai sorti deux albums que je ne diffuse pas. La musique est avant tout un moyen d’expression. » Pour aller plus loin, il utilise des outils MAO, une façon de comprendre et d’exploiter toutes les étapes de la création d’un album. Il avoue, d’ailleurs, avoir réalisé plusieurs arrangements pour Mantra. La musique l’intéresse à tous les niveaux mais il regrette de manquer de temps pour en écouter : « je ne le fais pas assez souvent. Quand je peux, j’aime bien le faire au casque, les yeux fermés. À vélo aussi. Sinon, sur la plateforme Spotify mais je reste très attaché à la notion d’album. » Leprous, Pink Floyd, les Doors… et Tool sont des références qu’il partage avec ses camarades : « Tool, on est quand même allés jusqu’en Autriche pour les voir en 2019. On est parti avec les 4 membres du groupe. Je ne le referai pas aujourd’hui, je ne prends plus l’avion pour des raisons écologiques mais ça reste un très bon souvenir. » Au gré des conversations, Simon fait part de projets futurs. La musique, il aimerait en faire son métier : « j’ai l’idée de m’y consacrer un jour complètement. J’aimerais proposer des ateliers d’écriture en musique et mettre mes compétences au service des autres. » Depuis 2014, il œuvre aussi en coulisses. Simon s’investit dans la programmation du festival les Lunatiques : « je participe à l’organisation. Je suis très sensibilisé au fait de prendre part à la scène de ma ville. On essaie de faire jouer des groupes qui ont une certaine esthétique. Les lumières et l’ambiance sont travaillées pour les mettre le mieux possible en valeur. »

Simon est guidé par la curiosité. Il a une soif d’apprentissage et un sens artistique qui le pousse à se dépasser. Mantra est un ancrage dans sa vie de musicien. Une base solide qui lui permet d’expérimenter sans retenue. La musique est un voyage immobile : Simon a ce pouvoir, celui de transporter n’importe qui dans cet univers qu’il a su créer. Avoir sa propre signature n’est pas donné à tout le monde. Bravo l’artiste.

Caroline Vannier

Sur le web :
https://www.facebook.com/mantramedium
https://mantrafr.com/?fbclid=IwAR1Qt9k15x_c3LLLh8cdB9ClXr25qTf56iYzrZFhmGg_UUVN6IZFodsms1Y
https://www.facebook.com/leslunatiquesfestival
https://armunzen.bandcamp.com/album/jai-d-j-commenc-mourir

Interviews : Open Garden du Jardin Moderne (9 juillet 2022)

Alligator

1 – Genre musical : Synth-pop francophone.
2 – Membres du groupe : Camille (chant, clavier et boîte à rythme) et Alexis (chant, clavier et guitare).
3 – Date de création du groupe : 2017.
4 – Cadence des répétitions : Résidence occasionnelle au Jardin Moderne, tout dépend des concerts.
5 – Combien de concerts par an ? Une dizaine en moyenne selon l’année.
6 – Des enregistrements à votre actif ? Oui, 2 albums, Octets (2017) et Torrents (2022) sortis sur la Souterraine. Entièrement faits maison.
7 – Quand vous évoquez votre musique, vous parlez d’un univers lo-fi. Pouvez-vous en dire plus ? C’est encore plus vrai pour le premier album. C’est de l’autoproduction, il y a un grain… ça ne se veut pas trop propre. Depuis le début, on fait avec les moyens du bord, nos instruments et nos voix sont enregistrés avec une carte son sur un ordinateur basique. On apprend tout au fur et à mesure. On est dans une dynamique très DIY, ce qui peut contraster avec une musique pop, mais c’est ce qui donne une couleur particulière à ces deux albums.
8 – Des autodidactes dans le groupe ? Oui, uniquement des autodidactes.
9 – Une référence musicale commune ? Mylène Farmer évidemment.
10 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Avoir un support physique (vinyles).
– Des clips.
– Des concerts.

Sur le web :
https://www.facebook.com/alligator.musique
https://alterk.lnk.to/TorrentsAlligator

Beyond the Kraken

1 – Genre musical : Hardcore.
2 – Membres du groupe : Alex (chant), Tom (basse), Paul (guitare) et Félix (batterie).
3 – Date de création du groupe : 2021.
4 – Cadence des répétitions : Toutes les semaines.
5 – Combien de concerts depuis la création du projet ? Aujourd’hui, c’est le premier vrai concert. On remercie l’équipe du Jardin Moderne et Amandine qui ont soutenu le projet. On a fait plusieurs scènes ouvertes ici.
6 – Des enregistrements à venir ? C’est en cours. On prépare un 7 titres.
7 – Selon vous, qu’est-ce qu’une compo efficace ? C’est à l’instant t : l’émotion qu’on peut avoir au moment de la création. Il y a aussi tout ce qui va avec, la façon d’amener des reliefs et de faire le riff qui colle. Du simple et de l’efficace ! La réaction du public est importante aussi pour constater l’efficacité : si ça se bagarre, c’est bon.
8 – Avez-vous joué dans d’autres formations avant celle-ci ?
Paul (guitare) : Avant, j’habitais à Bordeaux et je jouais dans le groupe Rest in Pit (hardcore).
Félix (batterie) : Je fais des concerts depuis que j’ai 16 ans. J’ai joué pendant 7-8 ans dans Anticorpse (death / black) et Dawn of Might (death). Il y a aussi eu Inseminate Degeneracy (le groupe existe encore mais il est en pause). Sinon, je suis chanteur dans Cryogenical Excision (brutal slam).
9 – Des autodidactes dans le groupe ? Pour la plupart, sauf la basse.
10 – Une référence musicale commune ? Knocked Loose.
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Jouer en festival.
– Sortir un album.
– Trouver un label.

Sur le web :
https://www.facebook.com/beyondthekraken

Crocodile Boogie

1 – Genre musical : Rock / alt-country.
2 – Membres du groupe : Sébastien Blanchais (chant), Gil Riot (guitare), Jibé Polidoro (guitare), Stella (basse) et Pialli Courchesne-Laurier (batterie). Elles sont sœurs.
3 – Date de création du groupe : 2021.
4 – Et dans sa forme actuelle ? 2021.
5 – Cadence des répétitions : Une fois par semaine.
6 – Combien de concerts par an ? On n’a pas compté mais on doit être à une vingtaine ou une trentaine peut-être.
7 – Des enregistrements à votre actif ? A Family Affair (2021). Il est sorti en vinyle et CD en France et en Australie (exemplaires épuisés).
8 – Comment est né le projet ?
Seb : Ce n’était pas vraiment un projet. L’idée était d’abord de faire des morceaux pour se faire plaisir.
Jibé : Au début, ça devait être un album de reprises. Gil et d’autres musiciens se sont greffés dessus. J’avais un studio et on a fait ça au fur et à mesure des années.
Seb : Le projet était de rendre hommage à des potes. C’est aussi pour ça qu’autant de personnes ont participé. Le premier concert était dément ! C’était dans un camping. Après on a eu 3 dates au Gabier Noir et ça s’est enchaîné sans qu’on calcule quoi que ce soit.
9 – La musique permet-elle de dire sans se dévoiler?
Pialli : Il y a plein de manières de dire : dans une autre langue, dans la façon de s’exprimer…
Seb : Il peut y avoir 9-10-11 sens différents sur un morceau. Les gens ne comprennent pas toujours la même chose. Les musiciens que j’aime comme Spencer, ils allaient du général au particulier. Ils se mettaient à poil dans leur langue.
10 – Âges, parcours… le profil des musiciens est aussi varié qu’un portrait de famille. Était-ce la volonté de départ ?
Seb : Moi, j’ai toujours voulu faire ça. Cette façon de faire, c’est très australien. En France, ça n’existe pas. Chez Spencer, c’est comme ça et ça a de la gueule.
Pialli : Il y a l’expérience de certains et la fraîcheur des plus jeunes.
Seb : On n’a pas fait de calculs, non plus. Avec Pialli et Stella, on s’est rencontrés dans une émission de radio et c’est parti comme ça.
11 – Pas de musique sans vinyles ?
Seb : Tous les supports sont bons. Je suis de la génération vinyles mais je ne condamne pas le CD. Les cassettes, c’est bien aussi. Il faut juste que toutes les informations soient restituées.
Pialli : Je mets tout mon argent dans le matériel de musique. Je ne dépense pas dans les disques. De toute façon, je ne suis jamais chez moi. Je préfère mettre mon argent dans les instruments.
12 – Comment avez-vous conçu la pochette de l’album ?
Seb : J’aime bien l’esthétisme des pochettes de disques. On trouve beaucoup de pochettes de ce style (Johnny Cash avec son fils, par exemple). Ça s’est fait comme ça. Je me dis que plus tard, ça fera un souvenir pour mon fils. Je ne suis pas autocentré : au départ, j’ai commencé seul. Aujourd’hui, je ferais une photo avec tout le groupe. C’est sûr. Ce que je n’ai pas dit non plus, c’est que Gargadennec est le photographe qui avait fait la pochette de mon premier groupe. Lui, il souhaitait boucler cette boucle. Je trouvais aussi que ça faisait sens. C’est un très bon photographe ! Il faut voir son travail.
13 – Qu’est-ce qu’une bonne reprise ?
Seb : Soit tu veux mettre en lumière un artiste qui ne l’a pas suffisamment été, soit tu veux mettre en avant le texte.
Stella : Quand c’est différent.
Jibé : Si les musiciens réussissent à assimiler le morceau au point de se le réapproprier, ça fonctionne. Il faut que le public croie que ceux qui jouent devant eux l’ont écrit.
14 – L’émotion captée à la création peut-elle être reproduite de la même façon sur scène ou sur un album ?
Stella : Ça s’amplifie.
Pialli : Oui.
Jibé : Ce n’est pas la même émotion. Quelle qu’elle soit, il faut essayer de l’avoir à chaque concert.
15 – Familles, projets, boulots… comment s’organiser au quotidien pour laisser une place à la musique ?
Seb : On est en plein dedans. On est en train de chercher 4 jours pour enregistrer. Tout le monde a plusieurs projets, des gamins… Trouver du temps, c’est le côté un peu sport. Les filles n’habitent pas à Rennes. Elles font 80 bornes, ça fait 2 h de route pour répéter.
Stella : Oui, on a d’autres projets aussi. Noble Sauvage et un autre groupe en duo.
16 – Des nouvelles pour les mois ou les années à venir ?
Seb : C’est le dernier concert de Jibé ce soir. Il part sur d’autres projets. Comme je le disais, on cherche aussi à enregistrer.
17 – Le mot de la fin ?
Stella : Lumière, renaissance, symbiose…
Jibé : Oh non !
Gil : Que Dieu vous proute !

Sur le web :
https://www.facebook.com/people/Crocodile-boogie/100044100761333/
https://beastrecords.bandcamp.com/album/crocodile-boogie-a-family-affair-br305

Here Comes the Flood

1 – Genre musical : Noise / alternatif.
2 – Membres du groupe : Bern (chant et guitare), Laura (basse), Clément (guitare) et Thibault (batterie).
3 – Date de création du groupe : 16 avril 2022.
4 – Cadence des répétitions : Une fois par semaine.
6 – Combien de concerts depuis la création du projet ? Ce soir, ça sera le sixième.
7 – Des enregistrements à votre actif ? 1 EP (5 titres) en 2022.
8 – Quand on fait du rock, comment garder l’intensité du live sur l’enregistrement ? Comment avez-vous travaillé en studio ? On a tout fait en live. On a enregistré avec Franck (du Jardin Moderne) dans une maison qui était vide. Il est venu avec son matériel et on a pris le temps de travailler en direct les morceaux qu’on avait déjà bien avancés. En ce moment, on prépare un album. On se prend une semaine complète en août pour le travailler et l’enregistrer.
9 – Des autodidactes dans le groupe ? Oui, en majorité sauf à la guitare. Dans un groupe, c’est bien qu’il y ait les deux : quelqu’un qui a une formation plus classique et d’autres avec une approche plus instinctive.
10 – Une référence musicale commune ? Chokebore.
11- Vous jouez (ou avez joué) dans d’autres formations avant celle-ci ?
Bern : je suis chanteur dans le groupe Dead (post punk / cold wave).
Laura : j’ai joué dans Soon She Said (shoegaze).
Clément : dans Bengäl (stoner).
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Du live !
– Du live !
– Une signature avec un label.

Laura et Bern

Sur le web :
https://www.facebook.com/herecomesthefloodband
https://bfan.link/here-comes-the-flood


Les Jeffs

1 – Genre musical : Classic rock / ’70s / psyché.
2 – Membres du groupe : Sophie (chant), Léopold (guitare et chant), Ewen (basse), Côme (batteur et couteau suisse), Anne-So (piano).
3 – Date de création du groupe : Septembre 2021.
4 – Et dans sa forme actuelle ? Anne-So s’est jointe au groupe pour ce concert (l’Open Garden du Jardin Moderne, le 09/07/2022). C’est le principe du groupe : on fait intervenir les copains dès qu’on peut.
5 – Cadence des répétitions : Avant, c’était tous les vendredis. Avec la fac et les activités de chacun, le rythme est devenu moins régulier mais il s’intensifie en période de concerts.
6 – Combien de concerts par an ? 2 ou 3.
7 – Des enregistrements à votre actif ? Aucun.
8 – Qu’est-ce qui fait que votre musique soit marquée années 70 ? Comment le reconnaît-on à l’oreille ? Ce sont surtout nos influences musicales qui sont issues des ’70s. Après on fait ce qu’on veut. Léo apporte aussi une touche grunge avec sa voix et ses compos.
9 – Des autodidactes dans le groupe ? Seulement pour le chant. Sinon nous avons tous pris des cours pour nos instruments respectifs, et nous sommes presque tous en fac de musicologie (sauf Anne-So). Côme a une formation de conservatoire.
10 – Une référence musicale commune ? Nirvana ! Ce doit être un des groupes les plus universellement connus et appréciés de toute manière.
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Qu’il y ait toujours cette ambiance fraternelle au sein de nos groupes, dans le partage de la musique et non dans la compétition.
– Qu’on reste une bande de potes.
– Progresser.

O-Diod

1 – Genre musical : Space rock / electro rock.
2 – Membres du groupe : Baptiste (batterie et sample), Bastien (clavier, guitare et chant) et Camille (basse et chant). Baptiste et Bastien sont frères.
3 – Date de création du groupe : Fin 2018.
4 – Et dans sa forme actuelle ? Septembre 2021.
5 – Cadence des répétitions : 1 ou 2 fois par semaine au Jardin Moderne et dans un grenier qu’on a aménagé en studio.
6 – Combien de concerts par an ? 9.
7 – Des enregistrements à votre actif ? 1 EP autoproduit (mai 2021).
8 – Posez-vous vos samples avant ou après la création instrumentale ? Et en live, utilisez-vous un clic pour caler la rythmique ? Oui, on utilise le clic en live. Pour la composition, on part souvent d’une mélodie ou d’un son qu’on travaille sur ordinateur. Le tout est rebossé ensemble, en répétition. Le sample n’est pas pensé à part. Il n’est pas à séparer de la partie instrumentale. Ce n’est pas l’un ou l’autre, ça part toujours d’un élément qui se démarque et qu’on retravaille ensemble.
9 – Des autodidactes dans le groupe ? On a tous suivi des cours sauf pour la basse.
10 – Une référence musicale commune ? Muse.
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Pouvoir vivre de notre passion.
– Avoir de l’influence : entendre un jour d’autres groupes reprendre nos morceaux.
– Avoir un tourbus.

Sur le web :
https://www.facebook.com/ODiodmusic
https://www.youtube.com/channel/UCx9jLdKXP-510VqPox_4dKg

Pulco Turbo

1 – Genre musical : Techno / hardcore.
2 – Membres du groupe : Pulco Turbo (1 DJ).
3 – Date de création du groupe : 2019.
4 – Cadence de travail : C’est irrégulier. Quand il y a des prestations, je prends une semaine pour travailler à hauteur de 4 h par jour.
5 – Des enregistrements ou des vidéos de ce projet ? J’ai un SoundCloud.
6 – Les ateliers de mix que tu mènes au Jardin Moderne influencent-ils tes créations musicales ? Si oui, de quelle manière ? Oui, ces ateliers en mixité choisie m’influencent forcément dans les morceaux que je sélectionne pour les animer. Les participants me font aussi découvrir de la musique. Faire ces ateliers occasionne aussi des rencontres qui m’offrent des opportunités pour jouer dans des lieux que je ne connaissais pas.
7 – Autodidacte ? Oui, je le suis.
8 – Une référence musicale ? Miley Serious.
9 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Organiser un événement festif avec les participants de l’École de la boum.
– Continuer les ateliers.
– Voir des artistes que j’adore comme Kilbourne et Badsista.

Sur le web :
https://www.facebook.com/pulcoturbo

Rasvetali

1 – Genre musical : Chanson bricolée.
2 – Membres du groupe : Laëtitia (piano, violoncelle et charango), Stéphanie (accordéon), Damien (guitare) et Cédric (percussion). Chant pour tout le monde.
3 – Date de création du groupe : 2012.
4 – Et dans sa forme actuelle ? 2021.
5 – Cadence des répétitions : Toutes les 2-3 semaines.
6 – Combien de concerts par an ? Entre 6 et 8.
7 – Des enregistrements à votre actif ? 2 CD en autoproduction.
8 – Chanter en français, était-ce une évidence dès le départ ? La composition de la musique intervient-elle avant ou après l’écriture des textes ? On a quelques textes en anglais mais on part toujours d’une compo en français. Écrire en français, c’est toujours plus compliqué : on est plus à nu, le message est plus direct. Parfois, c’est trop intime et dans ce cas, on les traduit en anglais pour ne pas trop se dévoiler. Pour la composition, c’est varié. Parfois le texte est avant les instruments et parfois après. La compo peut partir de l’idée d’un musicien mais les arrangements sont fait ensemble. Il faut accepter que ce qu’on a créé soit modifié par tout le groupe. Ce n’est pas toujours évident. On adore aussi travailler les harmonies vocales : le chant, c’est ce qui nous réunit.
9 – Des autodidactes dans le groupe ? Oui, autodidactes pour la plupart. C’est vrai pour le chant, l’accordéon, la guitare et le violoncelle. Cédric, lui, est intermittent (chanteur lyrique et percussionniste).
10 – Une référence musicale commune ? Gainsbourg.
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Faire un clip.
– Ça fait 10 ans qu’on joue ensemble sur la scène locale et ça nous suffit. On souhaite que ça continue comme ça.
– Faire danser les gens

Sur le web :
https://www.facebook.com/Rasvetali
https://rasvetaligroupe.wixsite.com/rasvetali

Tapage Nocturne

1 – Genre musical : Rock-pop covers.
2 – Membres du groupe : Erwan (basse), Stéphane (batterie), Sébastien (guitare et chant) et Julien (guitare et chant).
3 – Date de création du groupe : Automne 2017.
4 – Et dans sa forme actuelle ? Été 2018.
5 – Cadence des répétitions : 1 fois par semaine pendant 3h.
6 – Combien de concerts par an ? Entre 3 et 5. Aujourd’hui, on en a deux à suivre. Après le Jardin Moderne, on part jouer pour une association de foot.
7 – Des enregistrements à votre actif ? Pas d’enregistrement, on est un groupe covers, on ne voit pas l’intérêt. On a des vidéos avec une chaîne.
8 – Qu’est-ce qu’une bonne reprise ? Faut-il se rapprocher le plus fidèlement possible de l’originale ou au contraire, se laisser une liberté d’interprétation ? On part de la version originale mais on s’inspire toujours d’une cover existante. On se réapproprie les morceaux mais on cherche toujours une cohérence dans les enchaînements d’un titre à l’autre. Et le plus important, c’est qu’on est surtout drivé par le plaisir de jouer.
9 – Des autodidactes dans le groupe ? On l’est pratiquement tous. Il n’y a que moi (Stéphane) qui ai suivi une école de musique pour la flûte traversière mais rien en batterie.
10 – Une référence musicale commune ? Les Pixies.
11 – Trois souhaits dans l’avenir ?
– Plein de concerts.
– Jouer le plus longtemps possible.
– Faire un concert blind test

Sur le web :
https://www.facebook.com/tapagenocturne35
https://tapagenocturne.info/



Charly’s Angels (hiver 2022)

« Moi, j’avais jamais chanté. Samira n’avait jamais joué (batteuse d’origine). Nath à peine. C’était Isa la musicienne (groupe Tulaviok). On nous a dit que c’était super bien donc on a continué », explique Chrys. L’histoire de Charly’s Angels démarre comme une évidence. Un groupe formé pour une soirée hommage aux Ramones à la Fun House et le truc qui se produit, là, sur scène devant le public. Cette formation tribute n’a pas de nom, les musiciennes sont quasi débutantes… et pourtant leur presta crève déjà les planches ! Un souvenir qui revient comme un déclic pour certains : « C’est marrant. Je crois que j’y étais aussi en tant que spectateur », intervient Cyrille Chevalier (batteur actuel qui succède à Samira en 2008). Vingt-trois ans plus tard, Charly’s Angels est toujours là. La moitié des membres d’origine a changé mais l’essence reste la même. Après toutes ces années, le groupe continue à distiller ce son punk-rock piqué à vif qui sied si bien au live. Une musique qui aurait pu s’échapper des studios d’un Glasgow ou d’un London City… Allons bon, qui sait ? Ce chemin-là, ils l’emprunteront peut-être un jour… mais pour l’heure, c’est en Bretagne que ça se passe.

À Rennes, rares sont ceux qui n’ont jamais vu une affiche des Charly’s sur les murs des caf’ conc’ et des salles de concerts. Vingt-trois ans, c’est un sacré parcours pour un groupe ! Une passion pour la musique qu’ils vivent ensemble mais qu’ils ont du mal à expliquer. Pour mettre des mots sur une telle longévité, il faut forcément passer en revue la mémoire commune du groupe. Des noms fusent… Zaza, Samira et Xoff qui a pris la guitare au même moment que Jeff : « Oui, je suis arrivé en même temps que Christophe en 2002. Au départ, on a repris les titres faits par les filles et au fur et à mesure, j’ai composé de nouveaux morceaux. » Chrystèle Gérard (chant) et Nathalie Toulgoat-Fabre (basse) qui sont les membres fondatrices évoquent les souvenirs des débuts. Passée la minute de réflexion, elles commencent par l’année 2000 : « le premier enregistrement ! C’est Bruno qui s’en est occupé (Mondo Bizarro, groupes Gunners, Trotskids…). On a fait un ou deux morceaux à la Fun et une partie chez Nath. Oui, c’était chez moi, enchaîne l’intéressée. On avait tout monté par la fenêtre et par l’échelle de meunier. Un vrai studio sauvage ». De cette expérience naît S/T, un EP autoproduit. Vont suivre SPLIT SP (avec le groupe Happy Kolo en 2001), All I Want (2009) et plus récemment, le vinyle Romance (2019). Pour les visuels, les musiciens font presque tout en mode Do it yourself sauf le logo et les premières pochettes qui ont été réalisés par Dimitri HK (créateur, tatoueur, groupe Happy Kolo…). « On connaissait pas mal de monde dans le milieu et c’est vrai qu’on a eu pas mal d’opportunités pour jouer et enregistrer » précise Chrys. Les concerts, il y en a eu un peu partout : en Bretagne, en région parisienne et dans des squats comme République (dans l’Est). Mais… en plus de vingt ans, le groupe a-t-il connu des interruptions ? « Moi, quand j’étais en cloque, j’ai pas tourné pendant trois ans », précise Nath. « Il y a aussi eu le festival des Bals Sauvages. Nath n’a pas pu y aller. C’est Carole qui l’a remplacée. Elle a appris les morceaux à la dernière minute dans le camion », se rappelle Chrys. Les enfants, le boulot… Le quotidien est là et il est parfois compliqué de tout concilier. Même pour répéter, il faut s’organiser : le groupe se retrouve le plus souvent le dimanche au Jardin Moderne, un jour qui colle à peu près avec le planning de chacun. « Oui, on aurait aimé faire plus de concerts, avoue Nath. C’est vrai que c’est pas toujours simple à gérer… Je bosse souvent le week-end et je ne peux pas quitter mon boulot comme je peux ». Chrys, elle, est professeure de danse et elle a réussi à passer son diplôme sans sacrifier le chant : « Musique, danse et formation. Oui, ça a été des années bien remplies. » Elle s’arrête un moment puis reprend : « La musique, c’est un sacré plus dans notre vie mais ça n’a jamais pris plus de place parce qu’on a privilégié nos familles. » Jeff acquiesce. Cyrille esquisse un sourire : « J’ai amené ma fille une fois en concert avec un casque sur la tête. Elle m’a regardé assise sur son tabouret, près du bar. »

Le live justement… c’est pour ce moment que les musiciens se lancent dans un groupe. Un instant clé qui ne trompe pas. Pas de filtre possible ! Oui, c’est bien devant un public qu’on reconnaît la qualité d’un jeu. Celui des Charly’s Angels est clair : une maîtrise indéniable mais qui n’étouffe jamais l’efficacité des riffs. La voix, les instruments… tout insuffle l’urgence de l’instant. Un son qui se vit en concert et qui parle à un paquet de générations ! Depuis 2009, le groupe figure aussi sur le label Mass Prod : quand on sait que la maison porte le punk depuis vingt-six ans, c’est une sacrée reconnaissance. Oui, de bons musiciens, ils le sont… mais qui étaient-ils avant de toucher à un instrument ? Ils ont tous été clairement influencés par les groupes qu’ils ont découverts à l’adolescence. Pour Cyrille : ACDC, Motörhead, Peter and the Test Tube Babies, Joy Division… Pour Jeff : Rockabilly, Stray Cats, Social Distortion, Meteors, Rancid… Pour Chrys : les Ramones et Motörhead. Pour Nath : Cold wave, Pop rock anglaise, Metallica, Siouxsie, The Cure, Joy Division, U2, ACDC, Motörhead, Depeche Mode… Côté pratique, les Charly’s sont tous autodidactes. Seul Cyrille a repris quelques cours de batterie (depuis 4 ans) pour approcher de nouvelles techniques et se donner une discipline de travail. Mais les années qui précèdent, il les a passées en relevant les manches et en intégrant pas mal de groupes : Green Fish, les Spationautes, TV Men, DeafBrood, 19 Hell… Jeff aussi a joué dans d’autres formations comme Gotham (psycho) de 1999 à 2007 : « J’étais au chant avec un peu de guitare rythmique. On a même fait un concert commun avec les Charly’s Angels ». Nath et Chrys ont débuté avec les Charly’s qu’elles n’ont jamais quittés. Un groupe qu’elles ont créé avec Samira et Isa… et qui poursuit sa route avec classe et simplicité. Deux adjectifs qui pourraient tout aussi bien leur correspondre.

La scène, les répétitions… cette passion pour la musique est restée comme un fil incassable dans un quotidien bien occupé. Boulot, famille… Ils avaient des raisons de ralentir mais ils n’ont rien lâché. Charly’s Angels continue… et continuera à donner de la voix pour bien longtemps. Les vrais passionnés n’arrêtent jamais, c’est bien connu… et ces quatre-là en sont un parfait exemple.

Caroline Vannier

Interview spécial vinyle Romance

1 – Est-ce que l’enregistrement se pense différemment pour une sortie vinyle ?

Il y a beaucoup de groupes qui parlent de projet, de concept. Pour nous, l’envie était de retranscrire un son le plus proche de ce que l’on donne en live, auquel on pourrait associer un beau produit. Quoi de plus beau qu’un vinyle ?
L’idée était arrêtée depuis longtemps sur la pochette et la couleur du vinyle.

2 – Comment avez-vous travaillé pour garder cette énergie Punk-rock ?

Nous avons travaillé avec Mathieu, chaudement recommandé par Guilhem des Sleepwalkers.
Nous avons enregistré dans une ferme à Montauban de Bretagne, c’était calme jusqu’à ce que l’on branche les amplis… Mathieu a vite compris nos envies et le son que l’on souhaitait. Puissant, dynamique, pas trop propre, qui transmette l’énergie que l’on dégage sur scène. Il était à l’écoute et de très bon conseil. Tout était dans la boîte en une semaine pour les instruments, nous avons placé les voix plus tard, afin de jongler avec les emplois du temps de chacun.

3 – Du visuel, au studio, en passant par le pressage… Avez-vous tout maîtrisé de A à Z ?

Tout est Homemade, de la conception de la pochette, 12 titres dont 11 originaux (une seule reprise), la recherche du studio, le choix du pressage, … et même le clip vidéo.
À la fois, deux albums en 20 ans, on peut dire qu’on prend le temps de la réflexion. Un titre par an, donc prochain album en 2029.
Mass Prod nous a soutenus et conseillés. Sans oublier Mathieu pour le master et le mix, une fois l’enregistrement bouclé.
Ce nouveau disque est totalement autoproduit avec un crowd funding. Merci à nos généreux donateurs sans qui nous n’aurions pas pu faire aboutir cet album dont nous sommes fiers.

4 – Choisir le vinyle comme support, était-ce une façon de marquer les 20 ans du groupe ?

C’était surtout un caprice de Jeff qui voulait un vinyle rouge, grand fan de vinyle. On a fait d’une pierre deux coups.

5 – Les 12 titres qui figurent sur les 2 faces sont-ils tous des morceaux récents ?

Le premier album est sorti en 2009. Certains ont été écrits il y a déjà un certain temps, mais c’est surtout à partir de 2016 que la plupart des morceaux ont été finalisés.

6 – Le mot de la fin ?

Longévité pour un groupe dont 3 des membres sont présents depuis 2002. On compte bien continuer, surtout garder notre énergie. Le second album Romance était bien plus sauvage que le premier. Imagine le troisième…
On est tous fiers de cet album que nous n’avons pas beaucoup joué sur scène et pour cause, sortie en avril 2020…

Sur le web :
https://www.facebook.com/thecharlysangels
https://charlysangels.bandcamp.com/album/romance

Volac (été 2021)

C’est un jour d’été. Une période particulière où la musique live reprend doucement vie… Oui, c’est dans ce monde encore teinté de Covid que Volac ouvre les portes de son studio. Même sans concert… lui, il n’a jamais arrêté. Sa bulle créative, il a continué à l’entretenir à la maison, dans cet espace qu’il a monté de toutes pièces. À peine quinze mètres carré… un bureau équipé d’un ordinateur… des guitares, des basses, des micros et une cabine pour les prises voix… C’est ici que Victor Poirson – de son vrai nom – compose et enregistre. Pour la plupart de ses projets, il est seul aux commandes mais son parcours est aussi fait de rencontres. Des rencontres qui l’ont aidé à avancer et à découvrir un univers qu’il n’aurait peut-être pas osé franchir seul : la scène.

Les débuts de Volac remontent à l’école primaire. Le jeune garçon commence la musique avec un instrument qu’il a aujourd’hui abandonné : « j’ai fait un an de violon. J’ai pris des cours de chorale et de solfège en plus. Après, j’ai fait une année et demie de piano au collège. J’aimais beaucoup les musiques de jeux vidéos (comme Final Fantasy) et j’ai commencé le piano pour pouvoir les jouer. » Au lycée, l’adolescent intègre un groupe en tant que claviériste. Assez vite, il se rend compte qu’il n’est pas à sa place. Les autres musiciens font de la batterie, de la basse… et c’est la guitare électrique qui retient toute son attention : « j’ai pris quelques cours mais je n’ai pas trouvé l’intérêt de continuer. J’ai poursuivi en autodidacte et j’ai vite composé. C’était nul ! Je ne connaissais pas les codes, c’était des bouts de riffs. » Faire de la guitare de cette façon lui donne le goût d’aller plus loin… De la MAO (musique assistée par ordinateur) au chant saturé, il expérimente par lui-même. Oui, ces pratiques-là, il y va seul… mais la scène, c’est bien en groupe qu’il va la découvrir : « je courais dans tous les sens, je pouvais faire ce que je voulais et cette liberté m’a vraiment plu. » Dès lors, la musique prend une nouvelle ampleur pour Volac. En live, il se dépasse, devient quelqu’un d’autre et… pousse même l’interprétation jusqu’à créer son propre personnage. Jupe longue, Docs, maquillage… Une façon de mettre en scène la musique qui lui vient peut-être de ceux qu’il écoute ? « Des références ? Marilyn Manson, Cradle of Filth… j’ai beaucoup écouté Marilyn Manson au lycée. Canibal Corpse aussi, c’était ultra particulier, le son est quasi inaudible mais les musiciens gèrent. Après, mes parents écoutaient beaucoup de musique : Pink Floyd, Brel… »

Quand Volac arrive à Rennes, il devient étudiant en section physique. Son groupe ne tient pas la distance : chacun part dans des villes différentes et il devient impossible de trouver le temps de répéter ensemble. Volac n’abandonne pas la musique pour autant. Il travaille en solo mais il nourrit toujours l’idée d’intégrer une nouvelle formation : « j’ai acheté une basse pour étoffer mes compositions et un jour, j’ai vu que Season of Tears cherchait un bassiste. On s’est rencontré par le biais d’un ami commun. » Le groupe de metal symphonique va marquer une nouvelle étape dans la vie du jeune musicien : « le premier groupe du lycée était déjà très sympa, on a tous appris à faire de la musique ensemble mais là, c’est parti beaucoup plus loin. Ce que j’apporte au groupe, c’est la débrouille. Eux, ils ont un bagage musical plus classique. » L’aventure Season of Tears dure 8 ans. Avec 3 albums, une tournée en Europe et de très belles scènes, les musiciens se font rapidement une place au sein de la scène metal rennaise… mais au-delà de leur talent, c’est surtout leur rencontre qui reste déterminante. Même après toutes ces années, ils ont toujours l’envie d’avancer ensemble : ils travaillent aujourd’hui sur un projet commun… qui verra bientôt le jour.

Sa route… Volac la poursuit en parallèle. Le musicien compose. Oui, il a besoin de se retrouver sur des projets solo et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est productif : « en 2016, je fais un premier EP : Rejet. J’ai aussi commencé à faire des vidéos à ce moment-là. Un an après, je sors l’album Of Boredom and Disappointement. J’ai beaucoup travaillé la découpe, le réarrangement… Il y a beaucoup de guitare et pas du tout de voix. Sur ces projets, Solène Langlais m’a aidé pour le graphisme. Beautiful World arrive en 2018 : je considère que c’est le vrai premier EP. Un EP qui est un voyage et qui a une intention… Il est black metal mais il y aussi des tests plus electro, plus noise… Chaque morceau a une inspiration différente. » Et il ne s’arrête pas là, en avril 2019 sort Ne souriez pas : « il est entièrement auto-produit. J’ai tout fait moi-même, y compris le visuel. Dans cet album, il y a très peu de silence entre les morceaux et un gros boulot au niveau de la voix.» Volac expérimente les sons, il va les chercher un peu partout : « dans la rue, sur Internet… après, je les modifie. » La « débrouille », comme il aime le dire, ne serait-elle pas la clé de la qualité de sa musique ? Pas seulement… au-delà de cette curiosité, il a une façon bien à lui de voir le monde… une lecture créative qui s’enrichit au fil des ans. Ces deux dernières années, il ajoute aussi de la vidéo à ses compositions. Un boulot de captation et de montage qui lui permet de réaliser son propre clip : Que le tonnerre gronde. Un projet qu’il a pu concrétiser de A à Z grâce à un concours lancé par Brett du Tower Studio. Dans la foulée, Volac lance sa chaîne YouTube. Pendant presqu’un an, ses abonnés ont pu le voir réinterpréter (en musique et en image) pas mal de morceaux connus : un gros boulot de réarrangement précis et inventif. Et ce n’est pas fini ! D’ici 2022, il prévoit de sortir un nouvel album : « il y aura plus de participations extérieures, je vais intégrer des chœurs ». Expérimenter, toujours et encore… et se remettre en question pour avancer…  « En ce moment, je réfléchis à travailler sur un projet electro », confie-t-il. « Oui, c’est complètement différent de ce que j’ai pu faire jusque là », ajoute-t-il en esquissant un sourire. La musique serait-elle un éternel recommencement ? Pour Volac, c’est certain.

Caroline Vannier

Interview Que le Tonnerre Gronde

1 – Le point de départ de ce morceau ?

Je ne me souviens pas vraiment de l’amorce de ce morceau. Je crois que je cherchais à créer quelque chose de relativement court et efficace, avec une intensité qui va crescendo. Je suis tombé amoureux des effets au synthé qui cimentent le morceau et la composition a coulé de source.

2 – Quand on travaille seul, la façon de composer diffère-t-elle d’un projet à l’autre ?

Je ne peux pas dire que ma méthode varie d’un projet à un autre, mais plutôt qu’elle évolue avec ceux-ci. J’ai pris certaines habitudes qui me permettent de travailler plus vite et de me concentrer sur la composition.

3 – Le Tonnerre Gronde offre une voix plus posée et un chant en français. Comment s’est déroulé le travail technique – tant au niveau vocal, que de l’écriture – ?

Généralement, je commence à composer avec une idée à la guitare, sur laquelle j’empile les couches de sons (synthé, orchestre, bruits …) et la batterie. Une fois que j’ai la base du morceau, je commence à me pencher sur l’écriture. Souvent, c’est une idée simple qui me vient, une émotion, une image, dont je tire des bribes de phrases. Avec la musique en boucle, j’agence les bouts de textes qui me sont venus et je cherche à lier les idées pour obtenir une progression, une histoire tout au long du morceau. Vient ensuite la répartition des voix : j’aime empiler les prises vocales, avec différents timbres, différentes techniques et maintenant plusieurs chanteur·euse·s, en chant lyrique ou saturé.

Dans le cas de « Que Le Tonnerre Gronde », j’ai commencé à expérimenter différentes techniques vocales afin d’ajouter de la profondeur au chant saturé. Au total, il doit y avoir 6 pistes de voix superposées uniquement pour ma voix. Pour les chœurs, j’ai constitué un ensemble de 12 personnes avec lesquelles on a travaillé une journée pour obtenir une intention différente pour les différentes parties du morceau. On a même ajouté des voix à la partition d’origine.

4 – Le Tower Studio en quelques mots ?

J’ai eu connaissance de Brett et du Tower Studio par le biais de Season Of Tears (il a masterisé l’album Homines Novi et Dark Card). C’est une personne qui a fait sa place dans le domaine du mixage Rock/Metal avec ses divers travaux pour des artistes internationaux (Devin Townsend, Septic Flesh…). Brett est une personne sympathique et très professionnelle.

5 – Tu as participé à un concours organisé par le studio, comment se sont déroulées les différentes étapes ?

Brett a lancé un appel à projet via Facebook. Il y avait évidemment quelques conditions à remplir, notamment faire un don à une association de son choix (choix qu’il fallait justifier).

J’ai envoyé une démo de « Que Le Tonnerre Gronde », puisque j’étais en phase de préproduction de l’album qui arrive, accompagnée d’un pavé d’explications et de descriptions.

Puis, quelques mois après, j’ai reçu un mail me disant que j’avais été sélectionné (avec 2 autres groupes) … j’étais sur un petit nuage.

6 – Quel est l’intérêt de confier le mixage et le mastering d’un morceau (ou d’un album) à une tierce personne ?

Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, c’est un gain de temps, une fois que le processus créatif est terminé bien entendu puisque celui-ci rentre aussi dans le cadre du mixage.

Une seconde raison est la limite de mon savoir et mon aptitude à obtenir un rendu « professionnel ». C’est beaucoup plus simple de confier sa création à une personne qui sait ce qu’elle fait et qui est capable de la sublimer, de la rendre belle pour tout le monde.

7 – Tu as pu réaliser ton premier clip. Lier le son et l’image, ce sont des pistes que tu souhaites continuer à explorer ?

Oui, j’ai souvent mêlé le son et l’image, j’imagine toujours la musique comme une pièce d’un ensemble plus complexe qui inclut l’aspect visuel (animé ou non). Je pense que les images permettent de mieux transmettre les intentions et de transporter les spectateur·trice·s dans un univers.

Plus spécifiquement, j’aime beaucoup travailler la vidéo, de l’écriture du script au montage. J’ai à cœur de développer ma chaine Youtube et de travailler pour d’autres projets.

8 – Au fil des années, comment espères-tu que le public recevra ta musique ?

J’ai envie que ma musique plaise, même si je suis conscient du fait qu’elle est très personnelle et, de

fait, difficile d’accès. Je souhaite emmener le public dans mon univers tout en sachant que le voyage n’est pas de tout repos.

9 – Où aimerais-tu jouer dans les mois à venir ?

Je serais heureux de monter sur scène pour jouer mon nouveau set live, qui inclut une grande partie des morceaux du prochain album.

J’aimerais jouer sur de belles scènes, avoir de belles lumières et du gros son, et surtout devant une foule en délire haha !

10 – Le mot de la fin ?

Merci beaucoup à toi Caroline pour cette interview ! Je suis honoré de ton attention et te souhaite le meilleur pour la suite !

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