I’m From Rennes, l’Étage (Rennes) – 13 septembre 2019 –
Vendredi 13… Une date symbolique qui lance la première soirée I’m From Rennes 100 % Metal. L’asso qui valorise la scène locale a attendu 8 ans pour le faire mais elle n’a rien laissé au hasard : une prog de qualité, un visuel qui claque, des partenaires solides… Il faut dire que l’équipe orga a très bien joué. En s’associant à une structure référente en la matière, elle a su interpeller les passionnés de musique extrême. Reine du gros son, Garmonbozia organise des concerts à Rennes et ailleurs depuis déjà 21 ans. Avec plus de 700 dates à son actif et un carnet d’adresses bien rempli, elle s’est taillée une solide réputation en France et en Europe. Alors qui de mieux pour investir la salle de l’Étage ?
Les gens viennent en nombre dès 19h00. Dans le public : des passionnés, des musiciens, des potes, des membres actifs d’asso… Bref, pas mal de personnes qu’on retrouve dans les Caf’Conc’ de Rennes tout au long de l’année. Ça discute musique, technique… et la configuration de la salle en intéresse plus d’un. Pour passer 7 groupes en 5h15 chrono, une seconde scène a été monté. Plus petite, plus proche du public… C’est là qu’on retrouvera la plupart des formations Hardcore. Mais pour l’heure, place au premier groupe !
19h30 pétante. Il y a du monde devant Entertain the Terror. Jamais simple « d’ouvrir le bal » mais le groupe de Hardcore n’a aucun mal à entrer dans son concert. Un son brut et efficace qui colle parfaitement aux propos qu’il défend. Le message est clair : engagé et sans concession. Un franc-parler qui dénonce sans jamais tomber dans la facilité. Une presta sans filtres qui fait entrer les maux de la rue dans les salles de concert.
Deuxième scène… Cadaveric Fumes enchaîne à peine 5 minutes plus tard. Éclairage minimaliste, fumigène, visages à peine visibles… Les membres du groupe s’effacent pour laisser toute la place à leur musique. Le groupe de Death Metal propose un son précis, martelé, fourni… Les compos laissent planer une ambiance sombre teintée de notes quasi vintage. Une identité très forte qui interpelle forcément.
Il est encore tôt quand Hard Mind monte sur scène mais le groupe frappe très fort. Dès le premier morceau, le ton est donné : de l’énergie, de la puissance et une véritable présence scénique. Ils ne lâcheront rien. Le public non plus. Un rythme explosif, chargé de DIY qui n’a rien à envier aux groupes américains. L’efficacité des compos et des propos ne laissent pas de temps mort au pit. Une presta qui dévoile la qualité de la scène Hardcore Rennaise.
Éclairage étudié, riffs à la Tool, voix planante… Mantra est là pour un live hors norme. Et quelle claque ! Depuis 10 ans, le groupe de Metal Progressif ne cesse de se réinventer. La qualité d’interprétation est indéniable : le chanteur accompagné d’un danseur du Butô offrent une presta unique et habitée. Dans un milieu pas mal codifié, c’est osé mais quelle bouffée d’inventivité. Les compos fourmillent de détails qui prédestinent le meilleur dans les années à venir.
Fange démarre à 22h20… et le groupe de Harsh & Sludgy Death retourne littéralement la salle de l’Étage. Programmé au Motocultor cette année, le quator démontre toute la pluralité de la musique Metal. La puissance est là mais quelle technique ! La rythmique est solide, précise, judicieuse… Un jeu subtile qui ne fait à aucun moment de l’ombre à l’énergie brute du chant. Un groupe très prometteur, à voir sans tarder en live !
Les bons musiciens font avec les soucis techniques et ce soir-là, Hexecutor s’en sort avec brio. Le groupe de Thrash démontre toute son aisance sur scène. Des enchaînements rapides, une belle présence et un son quasi old-school. Les musiciens signent quelques textes chantés en français : une orientation qui donne une véritable dynamique à leur musique. Des titres comme Hélène Jegado ou encore La Sorcière du Marais sont accessibles sur Bandcamp.
Fin de soirée… Il est un peu plus de minuit quand Voight Kampff monte sur scène. D’emblée, le talent et l’habileté technique des musiciens saute aux yeux. Le groupe de Techno Thrash donne une impression de facilité comme seuls, les grands musiciens savant le faire. Des compos façonnés avec finesse, une énergie teintée de S.F., des riffs éclairés…. Ils offrent un travail abouti qui explose en live. Yeux fermés, frontman au-devant de la scène, batterie qui martèle les fûts… Ce soir, ils jouent pour « leur frère » disparu. Depuis 2013, Mathieu Broquerie était guitariste chez Voight Kampff et grâce à eux, sa créativité continue de résonner à travers leur musique. Un hommage délicat… et vivant pour un acteur de la scène locale pionnier du Hardcore à Rennes dans les années 90.
Une préparation au millimètre, un public qui répond présent, une prog qui met en lumière la diversité de la scène Metal… Oui, cette soirée est un sans faute pour les équipes de I’m From Rennes et de Garmonbozia ! Mais voilà, ce Vendredi 13 marque un tournant… Le début de quelque chose pour les uns, la fin d’une époque pour les autres… RIP Mathieu Broquerie. RIP Philippe Pascal, chanteur emblématique du groupe Marquis de Sade. Quand elle prend les chemins du studio, la musique a ce pouvoir de figer le temps. Messieurs, votre talent ne s’éteindra pas.
Caroline Vannier
Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1883_I-m-From-Rennes_le-13-09-13-Rennes-L-Etage