Un aller simple pour Rennes (janvier 2019)
Quelques années déjà que Barrel Kick arpente les salles de concerts. Un groupe aux airs de Rancid et de Dropkick Murphy’s qui apporte une note américaine dans le paysage punk-rock français. Leur recette ? Une technique rodée, de l’efficacité… et une bonne dose de complicité. Il faut dire que ces quatre-là se connaissent depuis un moment mais il a fallu être patient pour les voir jouer ensemble. Occupés chez Collaps Machine, Happy Kolo, Strike Back, Sherkan, Reckless Bomb, Disturbance… Ils ont marqué les mémoires de la scène locale mais pas que… leur son s’est baladé un peu partout. Vingt, presque trente ans pour certains à avaler les kilomètres… Oui, ils en ont usé des cordes et des baguettes dans les caf’conc’ et les festivals. Des gars bosseurs et généreux qui transmettent la même énergie devant dix ou deux cent personnes. Devenir un bon musicien, ça passe aussi par là : se confronter à un public, s’adapter, tester ses limites… En bref, sortir de la salle de répète : un vécu qui donne l’aisance nécessaire à la maîtrise d’un instrument. La scène serait-elle la meilleure des écoles ? Du côté de Barrel Kick, ça ne fait aucun doute ! L’appel du live, toujours et encore… Mais d’où sont-ils partis ? Pour trois d’entre eux, l’histoire commence en banlieue parisienne. Là-bas, ils se croisent en studio. La musique dans la capitale, ils y ont goûté ensemble et ils ne mâchent pas leurs mots : peu de salles, une liberté limitée, pas d’espace pour les asso… Pour faire du punk ou du metal, il faut bouger et c’est ce qu’ils font. Avec leurs groupes respectifs, ils découvrent des lieux hors normes, des endroits qui favorisent le Do it Youself… Des itinéraires plus ou moins connus… et un jour, une route qui les mène à Rennes : d’abord pour y jouer et plus tard pour y habiter. Leurs bagages, ils les posent ici quasi à la même époque. Un heureux hasard ? Non. Le breton est sans doute un peu punk…
1 – Comment vous êtes-vous connus ?
Thierry : on vient presque tous du 95. C’est la banlieue, pas Paris.
Chris : avec Ben, ça fait vingt ans qu’on joue ensemble. Depuis 1996. On croisait Thierry dans les lieux de répètes dans le 95.
Jex : moi, je les ai connu beaucoup plus tard. Je viens de Bressuire dans les Deux-Sèvres.
2 – Avant, ça ressemblait à quoi la scène punk-rock à Rennes ?
Thierry : en 2006, je venais souvent jouer ici avec mon groupe Happy Kolo. Tout le monde croyait qu’on était bretons à l’époque. Pour faire du punk-rock, il fallait aller à Rennes.
Jex : je suis arrivé en 2002 à Rennes et on venait surtout au Mondo Bizarro. On a monté Collaps Machine en 2005, c’était mon premier groupe à Rennes.
Chris : j’ai rencontré une bretonne et voilà… Ma batterie est arrivée avant moi. Avec d’autres gars, on avait programmé de faire un groupe de reprises.
Ben : ma femme est bretonne. Je suis arrivé six mois après Chris, en 2010. Je connaissais Boris des Bananes Metalik, on a monté le groupe Reckless Bomb avec lui et Chris.
3 – En un mot, la scène rennaise… quelle différence avec Paris ?
Thierry : vivante.
Ben : ambiance.
Chris : la seule qui perdure. Tu sais, le seul endroit qui bougeait à Paris, c’était la Miroiterie et aujourd’hui, c’est fermé. C’est pour dire.
4 – Chris, aujourd’hui, Barrel Kick… Hier, Sherkan, Chouch’nMolotov’, Death & Squad, Reckless Bomb, Strike Back… Beaucoup de groupes, parfois plusieurs en même temps, comment on gère un tel planning ?
Chris : c’était plus possible. J’étais toujours sur les rotules et j’avais un max de tendinites. J’ai eu trois groupes max en même temps avec des répètes les mardis, mercredis et jeudis. Les concerts les vendredis et samedis… Une fois, j’ai eu six concerts en neuf jours.
5 – Thierry, tu as toujours privilégié un son punk-rock ?
Thierry : non, à la base je suis metalleux. Je suis arrivé dans le punk-rock avec mon premier groupe.
6 – Thierry, et si je te dis Lemmy ?
Thierry : il est tatoué sur ma cuisse.
7 – Ben, quand as-tu commencé la guitare ?
Ben : à 22 ans. Je voulais faire de la musique avec des potes et ça a commencé comme ça, tout simplement.
8 – Jex, on te connaissait guitariste, comment es-tu passé au chant ?
Jex : c’est Ben de Collaps Machine qui devait être au chant mais il n’est pas resté, le son ne correspondait pas à son type de voix. À la base, j’avais écrit deux premières chansons de punk-rock au printemps 2014 (Son By Blood, My Hell) et quand Ben est parti, je suis passé au chant, ce qui m’allait bien car les textes de ces chansons sont très personnels. Mais j’avais déjà été chanteur dans un groupe de post-hardcore qui s’appelait Woman Only en 1999, on chantait à quatre.
9 – Trois groupes à conseiller à quelqu’un qui n’écoute pas de punk ?
Jex : Dropkick Murphys.
Chris : Rancid.
Thierry : The Clash.
10 – Pas de punk-rock sans scène ?
Tous : ouais, carrément.
Chris : il faudrait même que des albums live.
11 – L’aventure Barrel Kick, ça a commencé comment ?
Jex : Ben a remplacé Dibos à la basse chez Collaps Machine pendant quelques mois. Après Collaps, on s’est dit que ça serait bien de remonter un groupe ensemble.
Chris : tous nos groupes étaient morts, c’était le moment où jamais de monter un projet commun. Ben est passé à la guitare et Thierry à la basse.
12 – La scène locale aujourd’hui ?
Chris : ça bouge. Tous les groupes qui débutent ont une chance de jouer. Le Bar’Hic, la Fontaine de Brocéliande… on a de la chance. Respect à tous ces gens.
Caroline Vannier
Sur le Web :
https://www.facebook.com/barrelkick/